Chaque jour, j’entends des dirigeants municipaux qui doivent trouver un juste équilibre entre le renouvellement nécessaire des infrastructures existantes et la construction de nouvelles infrastructures. La croissance de la population, la nécessité d’accroître l’offre de logements et les contraintes supplémentaires comme les changements climatiques et les catastrophes naturelles ont exercé de nouvelles pressions sur les infrastructures publiques. Grâce à la série de programmes de la FCM, financés par le gouvernement fédéral, comme le Programme de gestion des actifs municipaux, le Programme Municipalités pour l’innovation climatique et, bien sûr, le Fonds municipal vert, nous avons pu soutenir le développement de plans climatiques ambitieux et d’études de faisabilité en vue de trouver des solutions novatrices.
Les catégories d’actifs qui ont tendance à être plus favorables au financement privé se trouvent dans les secteurs comme l’électricité, les télécommunications (Internet haut débit), les infrastructures commerciales, le transport en commun et, dans une certaine mesure, les infrastructures hydrauliques, où des frais d’utilisation sont déjà associés à l’actif. La BIC pourrait aider en continuant d’explorer de nouveaux modèles de financement pour le renouvellement des infrastructures, qui créent de la valeur et produisent un rendement sur l’investissement privé.
De plus, là où le financement privé est prometteur, comme c’est le cas pour les autobus à zéro émission et les rénovations énergétiques de grands bâtiments, la BIC peut aider les municipalités en formant des partenariats pour les appuyer dans la phase de développement de projets et en explorant de nouvelles façons de regrouper les petits projets pour les amener à la phase d’investissement.
Nous devons faire évoluer notre approche en matière de construction d’infrastructures au Canada, et les municipalités doivent participer à ces discussions dès le début.
EC : Carole, la FCM fait de l’excellent travail, mais nous savons que les besoins en investissements dans les infrastructures au Canada sont énormes. Comment les gouvernements à tous les niveaux, la BIC et le secteur privé peuvent-ils collaborer et utiliser des solutions de rechange pour faire progresser le développement d’infrastructures qui ont un impact?
CS : C’est vrai que les besoins en investissements dans les infrastructures publiques sont immenses. Aucun ordre de gouvernement ne peut y arriver seul. Les partenariats sont essentiels, et nous devons continuellement trouver de nouvelles façons de fournir l’infrastructure à laquelle les Canadiens s’attendent et qui permettra au Canada de réussir à long terme.
Les municipalités tirent le maximum des outils limités de revenu dont elles disposent, notamment les impôts fonciers, les frais d’utilisation et les transferts d’autres ordres de gouvernement. Dans ce contexte financier, et bien que des investissements publics demeurent nécessaires, le financement privé est également une option que les municipalités explorent, y compris en partenariat avec la BIC.
Nous constatons également, grâce au Fonds municipal vert de la FCM, qu’il est possible de concevoir les programmes de manière réfléchie et de combler le manque de financement afin de catalyser les investissements du secteur privé dans les infrastructures. Le fonds a contribué à stimuler les investissements privés dans des projets ambitieux tels que le projet Zibi Net Zero Waterfront (dans la région d’Ottawa-Gatineau), qui a réuni deux villes, Hydro Ottawa, le promoteur dans le cadre d’un partenariat visant à réutiliser les rejets thermiques industriels, à produire de l’hydroélectricité et à refroidir les bâtiments en été à l’aide d’un système énergétique de quartier entièrement carboneutre en matière de chauffage et de refroidissement.
Nous pouvons nous appuyer sur de véritables réussites et les gouvernements ont une grande occasion d’en faire davantage, par l’entremise de la BIC et d’autres partenaires, afin de tirer parti des investissements à l’échelle dont notre pays a besoin. Il est clair que cela ne changera jamais la nécessité d’investissements publics, mais nous pouvons et nous devons être intelligents quant aux résultats que nous devrions attendre de ces investissements, et je dirais qu’il faut maximiser leur potentiel de catalyseur.
Investir dans les infrastructures est essentiel à la prospérité économique à long terme du Canada, à notre qualité de vie, à la lutte contre les changements climatiques et à l’accroissement de l’inclusion sociale et économique. Les priorités d’investissement de la BIC s’alignent sur plusieurs priorités municipales clés, y compris l’eau potable, la connectivité à l’Internet haut débit, le transport en commun et les rénovations énergétiques. Les investissements fédéraux à long terme dans ces secteurs, lorsqu'ils sont adéquatement appuyés par le financement privé, pourraient avoir un véritable impact sur la vie de tous les Canadiens.
EC : Au printemps dernier, lors du GLOBE Forum, nous avons discuté de l’importance pour les municipalités d’aborder la question de la résilience et de l’adaptation. Comment les municipalités envisagent-elles l’adaptation aux changements climatiques et comment réagissent-elles à cette adaptation? Quels types d’investissements sont nécessaires et comment les municipalités abordent-elles ces questions?
CS : Ce n'est pas pour rien que chaque fois qu’on entend parler d’une inondation ou d’une tempête dévastatrice, le maire est présent. Les gouvernements locaux sont aux premières lignes des dommages causés par les phénomènes climatiques et météorologiques de plus en plus extrêmes. Des feux de forêt aux ondes côtières, les dirigeants locaux réagissent car les nouveaux phénomènes climatiques extrêmes forcent les familles à quitter leur foyer et coûtent chaque année à notre économie des milliards de dollars en dommages matériels et en perte de productivité.
Il existe des outils importants, tels que le Fonds d’atténuation et d’adaptation en matière de catastrophes, qui aident les communautés à prendre de l’avance et à se préparer aux effets des changements climatiques. Cependant, ce fonds doit absolument être bonifié pour répondre à l’ampleur du problème des changements climatiques, et nous devons renforcer la capacité des municipalités d’adapter leurs infrastructures. Il reste encore beaucoup à faire, notamment en ce qui concerne les infrastructures naturelles. Si nous investissons judicieusement, nous pouvons mieux stabiliser les paysages et atténuer les risques climatiques, et nous pouvons permettre aux municipalités d’acheter des forêts, des zones humides et des espaces verts pour créer ou agrandir des parcs et des zones protégées - soutenant la conservation locale, la biodiversité urbaine, la résilience à faible émission de carbone et l’accès à la nature.
Les municipalités abordent cette question, comme elles le font pour la plupart des choses : de façon pragmatique, acharnée et en accordant la priorité aux intérêts des membres de leur collectivité. Étant l’ordre de gouvernement le plus près des Canadiens, ils ne peuvent pas se permettre d’attendre que d’autres niveaux de gouvernement agissent. Ils ont donc besoin de véritables partenaires et ils doivent être pleinement inclus en tant que tels. Tant en raison de leur expertise locale que parce que c'est ce dont les Canadiens ont besoin et ce à quoi ils s’attendent à juste titre.